Mme A.A. l’Antiphilosophe interprète le Prélude à l’après-midi d’un faux

Cher journal,

Dans une chambre de six mètres carrés, je dors sur un lit de goblets en carton ciré. Des chrysanthèmes poussent sur mes paupières closes, leurs racines courent de mes yeux à mon clitoris. Couchée sur le dos, je résilie mon abonnement à la vie grâce aux ondes sympathiques qui se diffusent dans mon bidet. J’ai l’arme facile et la larme à la main, des coléoptères de bronze sous les ongles et l’envie de dissoudre mes pensées dans le fleuve du néant. Quand le sultan viendra me rendre visite, habillé d’une couche d’incontinence, d’un faux nez et d’un tuba. je serai prête à lui faire du bout des doigts les quarante signes secrets qui invoqueront Orobas et ses hordes de notaires ailés. Je lui demanderai de devenir impératrice du Siam et il lira mon avenir en m’éventrant et en mastiquent mes viscères. En attendant, je verse mes acomptes provisionnels et je me nourris de punaises de lit, comme le recommande le Talmud.

Constatations devant la glace

  1. La ritournelle minuscule est une valve caillée sur la lame végétale de mon cœur.
  2. La nièce de Satan s’est inscrite à des cours du soir; elle travaille comme standardiste à la compagnie de chaussures qui emploie des enfants dans son usine souterraine.
  3. Savoir conjuguer le verbe «falloir» à la première personne du singulier n’est pas donné à tout le monde. En fait, il n’y a que les clowns masturbateurs et anthropophages qui adoptent une phase assez liquide pour imbiber suffisamment la grammaire et ainsi accomplir un tel exploit.
  4. La charrette des lépreux a des roues de roquefort et laisse des traces vertes sur le tapis floral de ma salle de bains.

Mme A.A. l’Antiphilosophe nous a soumis une cacographie sous ordonnance

Cher journal,

La glace est mince et j’entends le bruit sourd des craquements quand passent les morts près de la lumière verte des pronoms conjonctifs. Ce qui se trouve sous mes pas n’est pas l’apaisement des sens et la félicité de l’âme, mais bien la suie des garages et l’isthme de l’alimentation famélique. Nartex de l’église immobilière, les échanges pétrifiés sont sans sel, sans signes, comme l’huile disloquée sous un sourire minéral. Ô piètre sucs de jouvence, vos scie à chairs couvrent le chant des méduses. Je suis jaune et partout m’accompagne cette odeur de formol — moi qui n’embrasse que ce qui est long et dur et fuyant comme un liquide organique coulant d’un erlenmeyer sur les pages d’un rapport trimestriel.

Tristesse liquide

Les cris ont pris fin les ondes pleureuses sont des scies jaunes CES ENFANTS ont les mains rudes comme les clients des bordels défiscalisés le musée d’encre a fondu coincé sous le postérieur plantureux des dentistes malsains qui claquent sous la lune intégrale valise enclume six doigts agiles vertige à la petite semaine qui se replie sur elle-même les nœuds sont liquides et la fin proche proche proche car certains jours j’erre les nerfs striés par le stupre la peau sans eau électrique dans l’espoir mal défini d’échapper au chapelet contribuable ou de liquider mon patrimoine en échange des spasmes partagés avec les déesses diaphanes et boudeuses oui boudeuses aux lèvres congestionnées et moites d’audace et le regard si fermé qu’on braderait les os de ses ancêtres pour un seul soupir une seule complaisance un seul geste abandonné comme un lambeau de cuir aux chiens.

Noël nouvelet

(Transcription de ce que j’ai compris de cette chanson traditionnelle
telle qu’interprétée par Loreena McKennitt.)

Noël nouvelet, navet chantons la scie
Des veaux et des gants, car Dieu en est farci
Sentons Noël, pour l’émoi aigrelet

Noël nouvelet, navet, chantons la scie.

Je l’ai, je l’emmène au sud de l’Australie
Mes naines mamies me minent et me marient
Comme la moue minière de la Minerve

Noël nouvelet, navet, chantons la scie.

Jésus, Marie, Joseph et la théière terrienne
Ternissaient tes touffes, lissaient sa liste leste
Et on longeait le gentil geai léger

Noël nouvelet, navet, chantons la scie.

Quand je m’épongeai et que j’eus assez joui
J’écartai ses cuisses et je vis son mimi.
Dont il sortait un bouton merveilleux

Noël nouvelet, navet, chantons la scie.

Qui suintait l’or, la myrrhe et le pipi,
Et aussi l’encens, le beurre et le pepsi
Du Paradis semblait le jardinet

Noël nouvelet, navet, chantons la scie.

Grande prison des stigmates

Je souffre des plis vulvaires de la lune
Cicatrices argentées sur mes nymphes d’émoi
Qui grugent le bois huileux des naufrages
Et mes yeux froissés de vestale impie

Apaise ma peine de ton hymen froid
Serre contre ma nuque tes cuisses d’oubli
Tes cheveux sont des aiguilles rouillées
Dans mes bras assoiffés de sucs maladifs

Nous prierons le vide et recevrons la terre
Je vendrai ta salive aux apaches éborgnés
Pour une seconde d’éternité assourdissante
Pour un instant tragique, le souffle coupé

Le rêve n’a plus de regards, et toi,
Femme aux mille sexes armés de fer
Tu plonges dans mon esprit tes cils vacillants
Pour éclairer le ciel d’apostasies flamboyantes

Notre agonie sera pavée de marbre obscur
Assourdissante comme l’aliénation délirante
Dans la grande prison des stigmates
Refuge abyssal des corps fracassés

Effets secondaires

Zyprexa – Faiblesse dans l’inconnu en compagnie d’esprits sans ailes.

Seroquel – Côtes et cris quand sur la langue l’hymen est rance.

Chlorpromazine – Les amis de l’ordre dans un jet de foutre grumeleux.

Clopixol – Ongles d’acier grattant l’hémisphère.

Mepronizine – Orient secondaire, résidus vifs de larves cochléaires.

Seropram – Personne sur les rangs, bruit mat et sexe livide.

Tercian – Un pendu en érection au bout du lobe de mon oreille.

Norset – Semences de bourses et choix d’entrailles.

Anafranil – Le volet sirupeux des cils offerts.

Risperdal – Fini le nombre, fini le front percé, finie la soif de dessein.

Equanil – Chute libre en se penchant sur les zones jaunes.

Leponex – Homme de sable contre femme liquide.

Haldol – Mutisme et stupeur alors que hurle le messie purulent.

Noctran – Larmes de sang noir glissant dans le nombril.

Solian – Baignoire de ressemblance entre deux faits isolés.

Compazine – Frottements en provenance des profondeurs.

Lorazepam – Néant sourd, froid et immense fromage monolithique.

Insertions exquises

Un chien dans un jeu de quilles
Une carotte dans un vagin carnivore
Un scalpel dans l’oreille d’un sourd
Une princesse dans une enseigne électrique
Un robinet dans un nuage lourd
Une manivelle dans un fromage persillé
Un pois chiche dans un pot de vaseline
Une tartine dans des sables mouvants
Un curé dans une sécrétion nasale
Une litote dans un drapeau noir
Un vibromasseur dans une couverture électrique
Une fellation dans un garage ultra-moderne
Un bol de lait dans un train déraillé
Une cigarette dans un œsophage
Un livre pornographique dans un rêve absurde
Une envie de mort dans un rapport de police
Un sou noir dans un traversin diabolique
Une contravention dans une piscine hors-terre
Un missel dans un cirque bulgare
Une partition de violon dans une seringue hypodermique
Un kilo de caviar dans une pelle à fumier
Une fille de joie dans un autobus scolaire
Une poire à lavement dans un fonctionnaire municipal
Un cigare cubain dans une poutine extra-sauce
Une cerise confite dans un ami des bêtes