Armée de dents chitineuses et de larmes

Il n’y a que moi qui sais que l’institutrice de contorsionniste a frotté sa vulve contre la garniture à la crème des flancs du marché. Il n’y a que moi qui sais que la nonne de cuir laisse sécher du sperme sous son aisselle. Il n’y a que moi qui sais que les océans deviennent stériles et que notre temps est compté.

Seul le murmure de l’eau fait diversion dans le calme terrible de cette nuit géologique. Je n’ai plus de mains et de cheveux, mes ailes sont nerveuses et nervurées et je sens la présence des peaux irascibles grâce à un trou que les drosophiles ont creusé derrière ma tête. Mon nom est gravé sur mes lèvres cousues: BIONDETTA. Et ma couche, grouillante et purulente, est tapissée de larves tièdes et que je nourris de mes larmes.

Le jour, je dors sur l’autel, je reste immobile telle une statue et les glossines viennent adorer ma beauté en embrassant mes pieds. Mais quand tombe la nuit, je m’éveille des profondeurs obscures de la mort, j’enfile un costume noir qui dévoile les vingt-deux points sensibles de mon corps et je m’assois sur un trône rouge, dans la salle des glaces. Toute la nuit les lucioles font le cercle d’Éros autour de moi, baisent rituellement ma peau et me mènent à tire-d’aile jusqu’à la déchirure.