Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien?

Le pingouin rouge et jaune réduit l’aspirine en poudre pour nos aïeux. Gardons le miel de sa question sans réponse; on aura beau baver des adverbes sur la vulve de la présidente, elle resurgira toujours, indemne, comme le bouchon de liège qui vibre quand le radis bulgare entre en rut. Cette question: «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?», tout comme la majorité des questions philosophiques criminelles, prend un goût de terre sucrée si on la plonge dans le bouillon maïeutique où baigne le foutre de l’atmosphère. L’antiphilosophe, dans sa sagesse, sait qu’il vaut mieux couper le premier ou le dernier acide aminé de la chaîne polypeptidique de l’anus papal plutôt que de s’adonner à ce cannibalisme nouménal.

Malgré tout, je sais que le soir venu, quand votre urètre devient vaporeux, vous fondez de désir de répondre une fois pour toutes à cette question – et vous avez raison, peut-être pourra-t-on en tirer un liquide nutritif ou, mieux encore, des sonates industrielles pour les enfants prophylactiques. Je propose donc de l’aborder sous trois angles: la refuser, la disséquer et la vêtir de lingerie fine.

Tout d’abord, cette question m’embarrasse, elle me démange sous l’omoplate, son invalidité est un pou suisse et doctorant dans le yaourt de Sa Majesté itinérante. Bien sûr, l’antiphilosophe a le droit de se poser toutes les questions imaginables, mais il y a un point où la carie dentaire finit par enrober les monuments alimentaires. Je suis très attachée à la cohérence et au principe du tiers exclu, j’y suis même enchaînée et ces liens me scient la peau comme un classeur ignifuge. Tant pis! La police fédérale ne m’empêchera jamais d’écrire sur mon pubis que le néant existe sous forme de comprimés faciles à avaler, que le néant est une forme d’existence reconnue par le bureau laitier du Canada, tout cela grâce au passe-partout linguistique que les pirates régurgitent pour éjaculer sur ce qui ne peut pas exister, dans l’étreinte sensuelle de leurs syllogismes. Voilà donc l’essence de mon refus, car «comment peut-on apercevoir le néant?» est la réponse affirmative et odorante à «pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien?». Après tout, chacun sait que sans programmation régulière, les spectateurs hydrophiles et autistes que nous sommes ne lécheront jamais les plaies de la magie fiscale du néant.

Ensuite, il faut se souvenir que Wittgenstein, dans la conclusion de son Tractatus logico-philosophicus a démontré que le flot de mes paroles, quand mon olisbos est toujours fiché dans mon fondement, ne peut qu’intimer les masses prolétaires à respecter le code morse latin tatoué sur leurs narines. Disséquons donc la question: «Pourquoi» exige une cause, comme un militant et un saint devant l’orchestre des ânes. «Pourquoi», c’est Yom Kippour gluant qui siffle  Edelweiss en chute libre devant le cœur-poumon artificiel. Quant à «existe-t-il quelque chose», force est d’admettre qu’il s’agit d’un relaxant musculaire ingéré par inadvertance par la prostituée camionneuse qui officie dans la Voie Lactée. Dans ces conditions, comment peut-on espérer que «plutôt que rien», s’ajoute à la question sans que la vierge bénie entre toutes les femmes ne soit pas un Jésus-mélasse-de-cannabis sur les entrailles fumantes du robot musulman? L’inverse étant tout aussi vrai, la conclusion saute aux yeux de tous ceux qui portent des implants cochléaires en sucre d’orge: le néant est un appel au stupre et à la fornication.

Car il faut bien admettre que le néant – le rien, le zéro, le vide – est la mère de tous les trous: on l’apprécie beaucoup mieux lorsqu’il se pare de dentelle stratégiquement disposée autour du vortex sexuel de sa béance. Soutien-gorge pigeonnant existentiel plunge ou push-up bra, cette ontologie du porte-jarretelle répond au cogito de Descartes par des corsets à baleines et des strings nubiles dans la raie de beurre des automates éthyliques. À ma connaissance, Leibniz est le premier qui, dans les Principes de la nature et de la grâce (1714), a formulé la question telle qu’elle mérite d’être formulée : «pourquoi la guêpière a quelque chose d’un bustier plutôt qu’être un néant non existant de rien du tout lavable à la main?» Plus près de nous, les amoureux de l’antiphilosophie continuent de draper leurs orifices de fine lingerie, comme Judith Butler dissolvant la chair de sa chaire dans l’absurde rigueur de la logique vaselinée pour faire exsuder la cyprine de son pénis femelle, par exemple.

CQFD

Confiture de blasphèmes

Hostie – La brume de la religion continue d’envelopper le monde. Ses nuées toxiques corrompent chaque instant de liberté et de plaisir. Combien de fois encore aurons-nous à tuer dieu avant que son spectre sanglant cesse de hanter nos rêves et de transformer le monde en cauchemar? Il faut continuer de mastiquer des blasphèmes tant que le sacré nous passera la laisse au cou. Il faut étaler sa morve sur l’hymen du sacré tant et aussi longtemps qu’il nous garrottera, car le sacré est une anguille grouillante qui pend de l’anus d’un dieu qui n’a rien d’autre à faire que de sodomiser des charognes. Dans ses temples putrides, les fidèles mâchonnent des tampax imbibés dans l’espoir de tuer ce qui est déjà mort en eux.

Tabernacle – J’ai vu la bile brunâtre couler de la bouche des députés et des prêtres putrides. Elle se mélange à la vinasse aigre de leur divine et patriotique ivresse quand ils portent des toasts en l’honneur du sacrifice de la vie, des désirs et de la jeunesse des autres sur l’autel sculpté dans le fumier qu’ils appellent «dieu» et «patrie». Esprits décents et bien-pensants, votre sexe a été remplacé par un boudin. Vos filles ont enfin retiré leur culotte, elles chient sur vos gueules et enfoncent leurs ongles grenat dans vos plaies pour vous instiller cette innocence qui vous empoisonnera le sang. Votre dieu est un cadavre ronflant, ils se roule dans ses propres déjections morbides et vous vous délectez de ses miasmes funéraires.

Calice – Des ogres dévots au sourire simplet dévorent les rêves de leurs fils comme des poux convaincus d’être des jaguars. Longtemps je suis restée prostrée dans le saint chrême et le smegma qui a englué mes aïeux. Ce temps-là est bien fini. Par fidélité envers leurs tourments, je vais chaque lundi danser sur la tombe des dieux uniques pour en retourner la terre du talon et écraser les vers gras qui s’en échappent. Pendant que les soldats du christ violent les consciences sur les banquettes du parlement, je frotte ma plotte contre l’autel, je pisse sur le pain azyme, je trempe mon cul dans le bénitier et y dépose un embryon gluant, rigolard et fraîchement avorté.

Ciboire – Chaque fois que la noune décatie de la nonne bâille une flatulence poissonnière dans le royaume des cieux, chaque fois que notre sainte mère enfonce la crosse diocésaine dans son anus de poulet, la queue mollassonne de notre seigneur entame sa danse macabre pour aller déposer sur la langue pourrie du prédicateur trois jets de sperme fromager. C’est dans ces circonstances que l’envie de fracasser les bienheureuses rotules du pape exogène à coup de pied de biche devient impétueuse. Hélas, je dois me contenter de me torcher avec le scapulaire du cardinal et le glisser entre les pages de son missel, comme une image sainte graisseuse et vélocipédiste.

Sacrement – Je serai éternellement et joyeusement rêveuse. Voilà mon cri de guenon rebelle, voilà ce que je ferai, jusqu’à ce que les cols romains en peau de prépuce n’auront pas mis fin à leurs coïts moroses. Quand les plaques policières seront châtres par la lame clitoridienne de ma belle-soeur, j’irai épingler leurs couilles oculaires sur la couronne d’épines qui orne le front bovin du messie visqueux. Jésus, tu es une varice sur mon cul, tu me donnes envie d’éternuer des clous pour te faire bander sous ton pagne pisseux. Jésus, tu es la verrue qui orne le méat baveux de la bite monumentale qui arrose les enfants de foutre vert de la Toussaint à la Chandeleur.

Christ – Deux junkies aux seins tatoués payaient une visite au souverain pontife. Elles vomirent dans sa bouche ses sermons les plus sacrés, puis l’enduisirent de merde molle et jaune pour qu’il meure, enfin, en odeur de sainteté. Depuis, il aime faire vriller sa langue sur les plaies purulentes de son sauveur, ce salaud de dégusteur d’étron au regard absent. Dieu le père, ta bite est aussi molle que celle du Saint-Esprit, tu lui donnes de la vigueur à coup de seringues, de meurtres angéliques et de cheeseburgers hermaphrodites que tu dégustes en te laissant enculer délicatement par les zélotes à la barbe laineuse. Plus personne ne mourra en martyr pour toi, tu crèveras sous les coups de nos ricanements, tu t’évaporeras dans nos orgasmes aériens et alors, enfin, nous pourrons aller ailleurs.