Mme A.A. l’Antiphilosophe est d’humeur guillerette

Cher journal,

Je suis si fatiguée que l’espace et le temps se replient sur moi. Je fais même dévier la lumière et rien ne m’échappe. On m’a gravé au front le mot « zolpidem » avec un scalpel, mais ça ne change rien à la situation socio-politique de mes organes. J’ai les pieds nus pris dans des blocs de glace livrés gratuitement à mon domicile pendant la période d’essai, toutes ces commandites me font mal aux os. Les rues sont remplies de colères vertes et de chandelles de gras de nouveau-né, le cataclysme est à nos portes et se convaincre du contraire est devenu un art du cirque. On m’a donné l’assurance que tout ne tenait qu’à un fil blanc qu’on m’a chargée de coudre moi-même pour ma propre paix d’esprit. Tout se contracte autour de moi, l’univers devient une boucle sombre qui s’affaisse et libère une radiation invisible de couleur bleue, parfumée comme un bleu d’auvergne.

L’anxiété est protéiforme, c’est un passe-temps passionnant qui me fait perdre tous mes moyens et me groster les plaies de valines quand le vocabulaire m’échappe et que je suis hurmandée dans mon lit, la pénombre squandise me hrulondant jestrol brunk vlaind roujde rojde roujde rojde roujde rojde ma pensée se brise quand frogou hlap mia menso estas malsana mi mortos por mil jaroj da fandita plumbo klori grujoj fantaue storpinant l’horizon est une réglisse et je ne m’attends à rien en particulier.

Bonne nouvelle : les bourgeois n’a plus de corde à vendre, il faudra trouver d’autres syllogismes pour les pendre devant leurs refuges secrets au sommet des montagnes.