Journal d’une migraineuse


MARDI : J’ai pompé le vingt-quatrième évêque, quatorzième archevêque et septième cardinal de Québec.

DIMANCHE : J’ai rincé ma bouche avec de l’eau bénite à saveur de menthe poivrée.

LUNDI : J’ai rangé mes serviettes hygiéniques dans le tiroir en chantant l’Air des bijoux du Faust de Gounod.

VENDREDI : J’ai conjugué verbe « gésir » au passé antérieur.

MERCREDI : J’ai joué à la cachette avec un lingam de vitrocéramique.

MARDI : J’ai limé mes ongles et brossé ma chatte. Pas l’inverse.

VENDREDI : J’ai organisé ma matinée en suivant l’ordre alphabétique : café, coiffure, croissant, cunnilingus.

MARDI : J’ai rempli des formulaires pour immigrer avec ma gynécologue au Swaziland.

DIMANCHE : J’ai un agenda caché et un journal intime à la vue de tous.

SAMEDI : J’ai fait de l’origami avec les lettres de mise en demeure.

LUNDI : J’ai compris qu’un homme sans un poisson est comme une femme sans une valise.

VENDREDI : J’ai cherché l’endroit approprié pour me greffer un foie d’appoint.

DIMANCHE : J’ai enseigné le sanskrit aux amibes du voisinage.

MERCREDI : Je lui ai écrasé le paquet sur le parquet et j’ai assis des marmots sur le marmoleum.

LUNDI : J’ai prpaciitié à un tuonroi de Sarclbbe et j’ai reomprté la cupoe.

DIMANCHE : J’ai joué à la roulette russe avec des yaourts sans étiquette dont j’ignore la date de péremption.

SAMEDI : J’ai essayé de retrouver la clé de ma ceinture de chasteté.

MERCREDI : Je suis allée à la pharmacie m’acheter de la crème vaginale contre le tétanos.

LUNDI : J’ai contemplé le maelström sans fin de la vacuité existentielle du sujet postmoderne en grignotant des bretzels à l’état gazeux.

MARDI : J’ai dit «déposer le Tsar» au lieu de «reposer le store» et mon homme à tout faire a adhéré au parti social-démocrate de Russie.

VENDREDI : J’ai rêvé qu’une subordonnée conjonctive m’agressait avec ses crocs acérés.

LUNDI : J’ai vu « Les Charlots font de la fission nucléaire » à la cinémathèque, en programme double avec « Les bronzés développent un mélanome ».

Une seconde

Westclox infernal numérique
Après son cri la chambre est vide
Quand j’émerge les yeux de farine
Les cheveux gris des crochets

L’encre des essais coule de mon sexe
Pour comprendre la cuvette de la nuit
J’en découpe des parcelles
Je les colle sur mon front

J’ai la cervelle qui dégringole
La mue circonvolutoire
Du sable sanglant au nombril lunaire
L’escalier en tendons roussis

Je suis chimique et froide pour de bon
Exclue primitive quand l’heure étouffe
Dans le dédale des tableaux
Dans l’apnée jaune de mes aïeux

L’outrage de la papesse minuscule
Continue d’engluer mes nuits
Avec les verres du placenta acide
Mystère d’urine la sonnerie tyrannique