Troisième vague de chaleur

Jambes jambes jambes jambes malgré les flics
J’ai l’impudeur tatouée par les ministères
Et je n’aime que tes odeurs
De ruelles canines et amoureuses

Je veux ta langue rhizomique
Je suis facile mais pas simple
Je ne suis pas une moule mais une méduse
Cachée dans une montagne de sucre roux

Jus de pêche jus d’organes
Jus de poire tes seins comme des gifles
Je veux voir mon or liquide sombrer au vortex
Du lac de feu de ta bouche charcutière

C’est le grand soir
L’été est jaune dans mon coeur de fromage
Moulin à viande ce trottoir brûlant
De la vile ville des viragos vidangées

Goûte la goutte de l’outre de mes cils si lisses
Je suis la morue volante des secrétaires
Et je jouis en pleurant
Quand tombent les filles mortes

Les quatrains roses de l’utérus hurlant

Fillette rose
Ne crains point
Ton jet de lait gris
Ton détergent à dildo

L’odeur d’abjection morale
De l’ermite antifluoriste
est une fourmi pharmacologiste
une passoire ultrasonique

Cette vieille baratte sodomite
Et cet académicien fondu dans l’acide
Crient l’autopsie coquette
Vibrations boulimiques au téléphone

La blancheur cryptique des condoms
Bruit morveux du marin mordoré
La semence protoplasme du fjord
Émission nocturne

Harponnée sur une veine
Son sperme gicle sur mes seins
Chaud comme des petits coups de langue
Femme froide chique de boudoir

Voyez le sang du Christ
Noir et coagulé
Qui coule entre mes jambes
Sauce cireuse de mon sexe

Ma poésie projette à la ronde
Des lambeaux mous et cancéreux
Pus et flux menstruel
Horribles simulacres de la vie

Le palais des glaces

Depuis des nuits perdue dans le palais des glaces.

Lune de verre sur la rive droite des joues, les cordes se serrent sous ma coiffure. Cascades de sang, de dentelle usée, mon reflet expire derrière les glaces sans tain, et toujours plus lointaine l’issue bien lisse d’une proximité insupportable.

Mon image est méconnaissable, elle est la maîtresse des nuits.

Nuits trop courtes dans l’absence de guide.
Nuits confuses sans sommeil et sans eau.
Nuits si longues qu’on peut en toucher les songes de buée.
Nuits si froides que les images et les corps entrent en fusion.

Et toujours face à moi-même, les mains sur mon corps vitrifié, sans l’espoir d’une remise de peine.

J’ai hérité
des rubans, des chiffons, des baleines, des pigeons, du coton,
des lacets impies, du métal rouge, des chairs à bomber,
des saillies troublantes,
des corps caverneux,
des aumônes, des vulves liquides, des parfums glissants, des consentements hérétiques, des élixirs en filets de salive, du creux, des frictions de râles copulés et des spasmes

pour que mon reflet ait un sens.